Transférez votre conscience sur des ordinateurs
Le transhumanisme n'est pas une idée récente. La croyance que les êtres humains peuvent évoluer au-delà des limites mentales et physiques actuelles a été utilisée dans la science-fiction pendant de nombreuses années. La cryogénisation, le processus de surgélation des personnes qui sont décédées, est également d'actualité depuis un certain temps. Désormais, ces deux idées se rejoignent dans une jeune entreprise appelée Nectome.
Imaginez à quel point il serait fantastique de pouvoir conserver nos esprits pour toujours? Nous pourrions conserver des souvenirs précieux comme le frisson d'avoir remporté de gros gains aux machines à sous, ou de tenir nos enfants pour la première fois. Des sensations comme la pluie douce sur la peau ou l'odeur d'une fleur pourraient aussi être conservées. Et bien sûr, les connaissances et la sagesse des plus grands penseurs pourraient être immortalisées. Imaginez si les esprits d'Einstein ou de Stephen Hawking avaient pu être conservés.
L'exemple de Hawking est particulièrement approprié pour une discussion sur Nectome. L'entreprise, qui a déjà amassé 1 million CA$ en financement, a pour objectif de conserver les cerveaux. Le cofondateur Robert McIntyre a développé une méthode qui combine l'embaumement et la cryogénisation. Jusqu'à présent, lui et son partenaire chez Nectome, Michael McCanna, ont réussi à conserver les cerveaux d'un cochon, d'un lapin et d'une femme âgée.
Une approche technologique de la vie éternelle
Une fois que les cerveaux ont été bien marinés, faute d'un meilleur terme, quelle est la prochaine étape? Les problèmes liés à la dégradation du cerveau et du corps sont éludés de manière très nette par la vision ultime de Nectome. Bien que pas encore possible, McIntyre et McCanna pensent que la technologie pour convertir l'esprit humain en simulation informatique n'est plus très loin. À partir de là, il pourrait être téléversé sur un serveur de données et conservé pour toujours.
Selon les mots de l'éminent neuroscientifique Ken Hayworth, « Si le cerveau est mort, c'est comme si votre ordinateur était éteint, mais cela ne signifie pas que l'information n'est pas là ». Nectome tire son nom de « connectome », le mot qui désigne le réseau de synapses reliant les neurones dans tout cerveau. C'est ce que ses fondateurs espèrent voir être reproduit, téléversé et partagé numériquement.
Problèmes avec Nectome
De nombreux penseurs avant-gardistes croient que téléverser et stocker la conscience humaine sur les nuages informatiques se produira au cours de leur vie, mais certains ne sont toujours pas convaincus. Le connectome d'un minuscule ver appelé Caenorhabditis elegans est connu depuis plus de 10 ans, mais il ne peut pas encore être « téléversé ». Et il ne comporte que 7000 synapses; il y en a des trillions dans le cerveau humain.
Anders Sandberg de l'Institut de l'avenir de l'humanité (Future of Humanity Institute), à l'Université d'Oxford, ajoute que toutes les informations sur Internet aujourd'hui pourraient ne nécessiter que 283 000 connectomes de cerveau humain. En outre, le caractère abstrait de ce qui fait qu'une conscience ou un esprit est humain peut très bien ne pas survivre au téléversement. Les gens se posent également la question philosophique de savoir si ça devrait être le cas.
Peu importe ce que vous pensez, le jour où vous pourrez téléverser vos souvenirs d'avoir participé à votre première compétition sportive, votre premier baiser, votre mariage ou autre chose, reste incertain. Pour le moment, Nectome peut conserver des cerveaux pour une période future, lorsque les téléversements seront possibles; mais l'entreprise ne peut pas encore réellement accomplir cette fonction.
Cependant, même si le site Internet peut faire paraître cette réalité beaucoup plus proche qu'elle ne l'est, Nectome génère beaucoup d'intérêt. Une liste d'attente a été lancée pour le jour où la technologie sera accessible aux citoyens publics, avec chaque place coûtant 10 000 CA$. Toute personne s'engageant devra également être euthanasiée; les cerveaux doivent être conservés dès que possible après le décès afin d'éviter la dégradation. Pour cette raison, les prochains essais de Nectome impliquent des malades en phase terminale.
L'entreprise croit qu'elle restera du bon côté de la loi, là où l'aide médicale au suicide est légale, comme en Californie. Puisque la procédure est « létale à 100 % », il pourrait y avoir des problèmes pour ceux qui ne sont pas en phase terminale, ou qui sont dans d'autres parties du monde. Les questions juridiques sont tout aussi fascinantes que les questions scientifiques et philosophiques entourant Nectome.
Sources :
https://techcrunch.com/2018/03/13/nectome/
https://www.digitaltrends.com/cool-tech/nectome-brain-embalm-mind-uploading/