La Situation Actuelle de l’Etat Islamique
Etat islamique, Baghdadi, Danger, TerrorismeSource: UK Department for International Development, Wikimedia
Chez Spin Palace Online, nous vous tenons informé de l'actualité du monde entier. Suite au décès du chef de l'Etat islamique Baghdadi, en octobre dernier, nous avons voulu vous donner un aperçu de la situation actuelle ainsi qu'un résumé de ce qu'est l'Etat islamique (EI) et de ce qui s'est passé ces dernières années. L'État islamique, également connu sous le nom d'ISIS, Daesh ou ISIL, pris le contrôle de certaines parties de la Syrie et de l'Irak et proclama un "califat" islamique avec Baghdadi comme "calife". Baghdadi avait une longue histoire au service du djihadisme, une formation universitaire et une appartenance à la tribu Quraysh, ce qui le rendait descendant du prophète Mohammed, un critère traditionnel pour être un calife. Bien qu'il ait fait de la vie un enfer pour la population, l'Etat Islamique a gagné l'allégeance d'individus radicalisés partout dans le monde avec des attaques fréquentes aux quatre coins de la terre.
Qu'est-ce que l'État islamique ?
L'État islamique est né en réaction à l'invasion américaine de 2003 en tant que dérivé d'al-Qaïda et a profité de l'instabilité croissante en Irak et en Syrie en 2011. Abu Bakr al-Baghdadi, de son vrai nom Ibrahim Awad Ibrahim al-Badri al-Samarrai, est devenu leader en 2010 et en 2013 ; il menait des dizaines d'attaques en Irak tous les mois. En avril 2013, Baghdadi a fusionné ses forces en Irak et en Syrie et a créé un État islamique en Irak et en Syrie Levant (Isis). En 2014 et 2015, il dirigeait un territoire de la taille de la Grande-Bretagne avec plus de huit millions d'habitants. Isis a une interprétation étroite du Coran et se considère comme le seul représentant des vrais adeptes de l'Islam et a exécuté un grand nombre de musulmans qui pensent autrement avec des méthodes extrêmement violentes : tortures, décapitations, enlèvements. L'idée derrière l’EI est de construire un Etat qui contrôle les questions religieuses et politiques de tous les musulmans dans le monde et de créer un nouvel ordre mondial. La doctrine de Baghdadi était que les musulmans sont liés à Allah et que les non-croyants sont la propriété des musulmans. La plupart des musulmans dans le monde ne reconnaissent pas leurs croyances, considèrent leur interprétation comme non islamique et condamnent leur action. Les Nations unies et plus de 60 pays considèrent l’EI comme une organisation terroriste, ce qui était déjà le cas avant même qu'elle ne commence son carnage meurtrier au Moyen-Orient. Plus de 40 000 étrangers du monde entier ont émigré au califat. La vie quotidienne des personnes capturées en territoire irakien et syrien était difficile : contrôle des femmes, persécution des minorités, intimidation, punition et torture, perturbation de la vie quotidienne, endoctrinement et surveillance.
Source: jürgen Scheffler, Pixabay
Que s'est-il passé au fil des années ?
Une coalition dirigée par les États-Unis lança des raids aériens contre l'EI en Irak le 7 août 2014, et étendit la campagne à la Syrie le mois suivant. Au cours de l'année suivante, les États-Unis effectuèrent plus de 8 000 frappes aériennes en Irak et en Syrie. En 2015, l'EI s'étendit en un réseau de branches dans au moins 8 pays. Ses branches, ses partisans et ses affiliés menèrent de plus en plus d'attaques au-delà des frontières du califat. En octobre, l'affilié égyptien de l'EI bombarda un avion russe, tuant 224 personnes. Le 13 novembre, 130 personnes furent tuées et plus de 300 blessées lors d'une série d'attentats coordonnés à Paris. Et en juin 2016, un homme armé qui soutenait l'EI tua au moins une quarantaine de personnes dans une boîte de nuit à Orlando, en Floride.
En décembre 2017, le califat de l'EI avait perdu 95 % de son territoire, y compris ses deux plus grandes possessions, Mossoul, la deuxième ville du pays, et Raqqa, sa capitale nominale, au nord de la Syrie. Le Premier ministre irakien Haider al Abadi déclara la victoire sur l'Etat islamique en Irak le 9 décembre 2017. Mais l'EI continuait d'inspirer et de mener des attaques dans le monde entier.
En décembre 2018, les Forces démocratiques syriennes progressivement conquirent les positions clés de l'EI et la ville de Hajin. La chute de Hajin réduisit son territoire à seulement quelques villages le long de l'Euphrate, près de la frontière irakienne. Le 19 décembre 2018, le président Donald Trump déclara la défaite de l'EI et fit part de son intention de retirer les 2 000 soldats américains qui soutenaient les forces démocratiques syriennes en Syrie. Mais les FDS poursuivirent leur offensive et lancèrent en février 2019 le siège final des forces de l'EI à Baghouz. Baghouz tomba le 23 mars 2019, mettant formellement fin à la revendication du califat sur tout territoire. Le chef du groupe État islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, se fit exploser le 27 octobre 2019 lors d'une opération militaire américaine dans le nord-ouest de la Syrie.
La gestion des membres de l’EI en Syrie
Les États-Unis et leurs alliés kurdes demandent avec insistance à l'Europe de rapatrier et de traduire en justice les quelque 4 000 combattants terroristes étrangers qui ont franchi ses frontières sans se faire remarquer et se sont réfugiés en Syrie alors que l'EI était à son apogée. Mais l'Europe ne veut pas les récupérer. Ils craignent que ceux qui ont survécu demeurent des radicaux très dangereux et qu'ils soient capables de commettre des actes violents, y compris des attaques terroristes. S'ils devaient être jugés dans leur pays d'origine, il n'y aurait peut-être pas assez de preuves pour les condamner. Et s'ils étaient condamnés, ils iraient en prison et aggraveraient le problème croissant de la radicalisation violente dans les prisons européennes.
Source: Jean-Pierre Bazard Wikimedia
Selon des informations récentes, l'EI se développerait dans le camp de réfugiés syrien d'Al-Hol, où jusqu'à 70 000 Syriens vivent dans de très mauvaises conditions. Les familles qui faisaient partie de l'EI, y compris les combattants étrangers, y sont hébergés, et les experts craignent que le groupe se reconstruise et recrute. Les enfants grandissent sans aucune éducation appropriée et certains subissent un lavage de cerveau avec une idéologie extrême et violente, ce qui pourrait devenir un problème dans 10 ans.
L’après Baghdadi et l’avenir de l’EI
5 jours après la mort de Baghdadi, Isis a annoncé qu'il avait été remplacé par Abu Ibrahim al-Hashimi al-Qurashi. Le nom de Hashimi n'est pas connu des forces de sécurité et est considéré comme un nom de guerre. Il est décrit par l’EI comme étant une "figure éminente du jihad". Son ambition va surement être de faire revivre ce que Baghdadi avait créé avec un nouveau territoire. Cela peut se produire partout où le gouvernement est affaibli et considéré comme illégitime. Les endroits à observer sont les régions du Yémen, du sud des Philippines et de la région du Sahel en Afrique. La mort de Baghdadi pourrait devenir un cri de ralliement pour ses partisans afin de montrer aux Etats-Unis et à d'autres qu'ils restent une force incontestable. La « marque » EI perdure dans le monde entier et reste une menace mondiale car le groupe a une constellation d'affiliés en Syrie, Libye, Egypte, Algérie, Arabie Saoudite, Yémen, Afghanistan, Nigeria, Afghanistan, Somalie, Pakistan, Inde, Philippines, Tchétchénie, Mali, Niger, Tchad, Cameroun, République démocratique du Congo, Mozambique, Turquie etc. Après la mort de Baghdadi, certains pourraient décider de se réconcilier avec Al-Qaïda, d'autres pourraient décider d'entreprendre des opérations de représailles pour démontrer que l'EI demeure puissant. L'appel lancé par al-Baghdadi aux partisans pour qu'ils délaissent les attaques de plus grande envergure au profit d'actions plus modestes en dehors de l'Irak et de la Syrie est donc une menace toujours constante.